Quatre interférogrammes pris dans plusieurs swaths et dans les deux passes ont été interpolés temporellement [Augier et al. (in Prep)] de manière à ce qu'il couvrent tous la période du 22 avril 2007 au 29 janvier 2008, puis les interpolations ont été utilisées pour recalculer les déplacements selon les composantes est-ouest et verticales [Wright et al. (2004)]. La figure 7.14 présente ces déplacements.
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Le cône central voit sa partie est se déplacer vers l'ouest, et sa partie ouest vers l'est. D'autre part, le cône se déplace entièrement vers le bas. Il subit donc une subsidence centripète. Les stations GPS périphériques n'enregistrent pas cette subsidence, ce qui indique que la source à l'origine de ces déplacements est superficielle.
Un effondrement de caldera peut être accompagné par une fragmentation de la colonne de roche. Ce type d'effondrement incohérent se met en place si le rapport entre le diamètre de l'effondrement et sa hauteur est inférieur à 1 [Roche et al. (2000,2001)], ce qui est le cas lors de l'effondrement de 2007, si l'on considère que la chambre magmatique est localisée proche du niveau de la mer. D'autre part, [Gailler et al.(2009)] ont montré à partir de données gravimétriques qu'une colonne de roche moins dense que l'encaissant est présente à l'aplomb du cratère. [Aoki et Montgomery-Brown (2010)] ont enregistré des déplacements dans le cratère du Miyakajima durant les années qui ont suivi la formation de la caldera de 2000. Ils interprètent ces déplacements comme la compaction de la colonne de roche effondrée. Le modèle numérique de terrain utilisé pour le calcul des interférogrammes ne prend pas en compte l'effondrement. Il nous est donc impossible de calculer les déplacements à l'intérieur du cône, et nous ne pouvons pas vérifier directement si une telle compaction a lieu dans le cratère. Cependant, nous pouvons supposer qu'une telle compaction a eu lieu après l'effondrement du Dolomieu, provoquant les déplacements du cône central du Piton de la Fournaise : dans ce cadre, la colonne de roche incohérente pourrait se compacter sous la pression de l'encaissant, et le cône se réajusterait au fur et à mesure que la compaction s'intensifie. Nous testerons cette hypothèse au chapitre .
D'autre part, [Lenat et al.(1999)] ont montré à l'aide d'une étude géoélectrique que le système hydrothermal du Piton de la Fournaise est assez superficiel sous le cône central. [Staudacher (2010)] a montré que de nombreuses fumerolles étaient présentes dans le cratère après l'effondrement. Ces fumerolles étaient toujours visibles par imagerie thermique le 5 mai 2008 indiquant que le système hydrothermal était toujours actif. Enfin, [Gouhier et Coppola (2011)] ont montré qu'avant l'effondrement, les principales émissions de SO$_2$ se sont faites au niveau de la fissure éruptive d'avril, alors qu'après l'effondrement, les plus grosses quantités ont été émises au niveau du cratère. Cette émission de SO$_ pourrait correspondre à un drainage du système hydrothermal provoqué par l'effondrement. Les déplacements sommitaux pourraient donc être la conséquence du drainage du système hydrothermal suite à l'effondrement du Dolomieu.
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Pendant la période post-éruptive, les Grandes Pentes se déplacent entièrement vers l'est et vers le bas, la composante verticale étant environ deux fois plus importante que la composante horizontale (Fig. 7.14). La quantité de déplacements atteint environ 30 cm sur la totalité de la période (Fig. 7.15). Les Grandes Pentes ont été déstabilisées lors de l'injection du 30 mars, et ces déplacements sont cohérents avec un retour à l'équilibre sous la forme d'un glissement du flanc dans son ensemble. La faille proposée par [Michon et Saint Ange(2008)] semble de nouveau contrôler les déplacements : les déplacements du compartiment nord compris entre la structure c1 et la faille sont moins importants que les déplacements du compartiment sud (compris entre la faille et la structure c2). Les déplacements des deux compartiments sont donc probablement découplés au niveau de la faille. Enfin, le maximum de déplacements se trouve de nouveau au niveau du motif a, correspondant au maximum de déformation de la période post-effondrement.
Le motif b reliant le maximum des déplacements des Grandes Pentes et la fissure éruptive d'avril est toujours visible, mais moins marqué que durant les périodes précédentes.
kunos 2014-07-01